Du 14 au 16 février dernier, se déroulait Wine Paris.
Le fameux salon parisien de vin et spiritueux, qui se tenait au parc des expositions Porte de
Versailles, n’avait pas eu lieu l’année précédente pour « cause Covid ».
Autant dire que ce salon professionnel était très attendu par beaucoup de vignerons. Au programme, 2 864 exposants de 32 pays, dont 236 producteurs pour la Vallée du Rhône, ce qui est déjà un gros morceau et une belle représentation, vous en conviendrez…
Ambiance C’était donc une première pour moi. L’excitation était à son max, ça m’a rappelé mes premiers parcs d’attractions, et même si je ne pouvais pas repartir sans faire le looping ou le train fantôme, je fus attiré par pas mal de manège.
Le premier était l’oenothèque de la vallée du Rhône.
Organisé par l’inter-profession (Inter-Rhône), cet endroit réunit les cuvées des exposants.
Un bon moyen pour pré-sélectionner les stands susceptibles de vous intéresser (je le saurais pour la prochaine fois…), de déguster des vins de vigneronnes et vignerons réputés, mais aussi de dénicher le « petit » domaine que personne ne connaît (espèce très prisée des amateurs).
Les 236 producteurs de la vallée du Rhône s’amoncellent tout autour. Répartis pour la plupart dans des petits stands, quand les grandes maisons (Chapoutier, cave de Tain) ou des collectifs de vignerons (Femmes Vignes Rhône, Rhône vignoble) s’accordent un peu plus d’espace. Si tout est fait pour bien se repérer, on est tout de même dans un labyrinthe. J’y croise mes semblables, c’est-à-dire ceux qui ont l’impression d’être déjà passé par-là… Il y a les gros clients qui attirent les regards, et ceux que l’on suppose en être, car ils ont mis un beau costume.
Des vignerons enchaînent les rendez-vous, d’autres attendent patiemment. Les heures et les jours passent, la fatigue s’imprime sur les visages. Il leur suffit pourtant d’un bonjour, pour que l’envie de partager reviennent, avec l’indicible espoir de voir ses vins voyager sur de nouvelles terres.
Si tous ces domaines avaient leurs vins à vendre, je n’avais, pour ma part, rien à acheter… Parfois en invité, souvent sur la pointe des pieds, aucun(e) n’a pourtant rechigné à me faire découvrir son travail. Vigneron un jour, Vigneron toujours...
Au boulot J’avais donc ma petite liste de domaines, avec comme objectif, d’aller à la rencontre de ceux que je ne connaissais pas, histoire de vous dénicher quelques « trouvailles ». Bon, j’avais été un peu ambitieux sur le nombre, et surtout, je n’ai pu m’empêcher d’aller saluer celles et ceux dont je vous avais vanté les mérites… Mais au final, sur une trentaine visitée, je vous en ai sélectionné 19. Rassurez-vous, je ne vais pas vous faire les 19, ici ! La plupart, vous les retrouverez sur Facebook ou Instagram. Pour cet article, je vous en ai sélectionné quatre.
À découvrir Voici donc 4 domaines que j’ai découvert et qui font leur entrée sur ce blog. Je vous les ai gardé au chaud et uniquement pour cet article, histoire de vous remercier d’être de plus en plus nombreux à me suivre. De rien, ça fait plaiz’.
Chateau Courac - Côtes-du-Rhône Village Laudun
Le Chateau Courac a une longue histoire avec le vin. Vignerons de père en fils depuis 1641, ce domaine est situé à Tresques (Gard) dans l’appellation Côtes-du-Rhône Village Laudun. Appellation qui rejoindra bientôt la famille des crus de la Vallée-du-Rhône.
J’ai eu le plaisir de rencontrer Joséphine Arnaud et son fils Cyril. D’après ses parents, Cyril est apparemment « le plus beau millésime » du domaine. Loin de moi l’idée d'en douter, ce qui est sûr, c’est que Cyril m’a fait découvrir ses vins, avec un assemblage d’humilité et de fierté. Un équilibre qui se retrouve dans les vins et une fraîcheur propre aux vins de Laudun.
Terre Rouge - 2017 - Côtes-du-Rhône Cépages : Syrah, Grenache, Counoise
Un moment de solennité s’est installé lors de la dégustation de la grande cuvée du domaine. Sans le dire, Cyril ne pouvait cacher l’attention et l’affection qu’il portait à ce vin. Et il avait bien raison, car ce « Terre Rouge » possède une personnalité singulière. Il m’a, toute suite, fait penser à un vin du Languedoc. Un nez racé sur les fruits noirs, les épices, la réglisse et surtout un côté minéral, légèrement « schisteux », que l’on retrouve par exemple dans les Faugères. En bouche, c’est profond, savoureux, puissant, avec des tanins affinés. Le vin laisse une sensation assez particulière, à la fois rempli d’élégance et quelque chose de « ténébreux » par sa puissance, sa fermeté et sa complexité aromatique. Un vin des grands soirs. Prix : 27 euros
Domaine du Pourra - Gigondas, Côtes-du-Rhône Village Séguret
Ne cherchez pas à déguster les derniers millésimes de Jean-Christian Mayordome, ils n’existent pas ! Si vous dégustez un 2016, dites vous que l’année prochaine, ce sera peut-être un 2012. Au domaine du Pourra, les vins sortent quand ils expriment leur millésime. Des élevages entre 3 et 12 ans et sans aucun intrant chimique et œnologique, de la vigne à la cave. Pour le vigneron, « C’est le temps qui travaille ». Le style ? Je dirais « Old school ». Des vins comme on ne fait plus : Pleins, concentrés, parfois massifs, mais avec une fraîcheur leur évitant le qualificatif de « vin de chasseur ». Il y a même de la nostalgie dans ses vins, un style que l’on ne croise que (trop ? ) rarement. Pour ce médecin (bientôt) à la retraite, il n’y est « pour rien ! C’est le vin qui parle ». Le genre de domaine qui ne laisse pas indifférent, dont les vins peuvent entraîner des débats, et qui se termine, bien longtemps après la dégustation…
Mont Bayon - 2016 - Côtes-du-Rhône Village Séguret Cépages : 85% Grenache, 5% Syrah, 5% Cinsault et 5% Mourvèdre Élevage : Quatre années sur lies fines, mis en bouteilles en juin 2021
Ce Séguret n’echappe donc pas au style "Pourra".
C’est effectivement concentré et intense sur des arômes de fruits noirs et de sous-bois. La bouche est onctueuse, très dense. La fraîcheur entraîne avec elle des notes minérales de pierre à fusil. La puissance est maîtrisée et les tanins procurent une sensation caressante et un touché délicat à la matière. Un vin plein qui révèle néanmoins une belle tension qui vient rafraîchir le tout. Comme je vous le disais, cela ne laissera personne indifférent… Prix : 17 euros environ.
Domaine de la Florane - Côtes-du-Rhône Village Visan et St-Maurice
Adrien Fabre est un homme de terroir. Il l’aime et ça se sent. Solide sur ses appuis, ce rugbyman raconte avec fierté, l’exposition et les particularités de son domaine. Situé au sommet de Visan (Vaucluse), c’est avec 35 hectares de vignes, enclavé par autant d’hectares de bois qu’Adrien cultive son vignoble en biodynamie. Son travail se destine à faire vivre son domaine, le plus naturellement possible, en respectant les éléments et s’aidant des astres pour faire grandir le tout. La carte postale donne envie d’y aller faire un tour… Une singularité ? Quand la Vallée du Rhône produit en moyenne 6% de vins blancs, le domaine, lui, en produit environ 20%. Les blancs ont une place importante dans sa production. En appellation Côtes-du-Rhône Village Visan et St-Maurice, ses vins retranscrivent parfaitement la fraîcheur que l’on trouve sur ces appellations.
Guillaume de Rouville - 2020 - Côtes-du-Rhône-Villages St Maurice Cépages : 95% Syrah, 5% Grenache Élevage : La moitié est élevée dans un petit foudre et l’autre moitié en demi-muids.
Une cuvée hommage à un ancêtre de la famille Fabre, Guillaume de Rouville. C’était un magistrat noble et respecté. Il fut échevin de Lyon en 1589. J’ai beaucoup aimé ce vin par sa maîtrise et ses subtilités.
Un nez de caractère qui retranscrit l’identité de la Syrah. Les fruits noirs, la réglisse et le poivre sont lisibles et distincts. Sa fraîcheur rappelle celle que l’on peut rencontrer dans le nord de la Vallée du Rhône. En bouche, la fraîcheur est ferme, le vin se suspend et les tanins enveloppent le tout avec finesse. Il y a de la structure, mais aussi de l’aisance. Un vin affirmé, où se glissent souplesse et délicatesse, avec un joli potentiel de garde. Prix : 16 euros.
Domaine Chante Cigale - Châteauneuf-du-Pape
Au bout du troisième et dernier jour du salon, je n’avais qu’une envie : m’affaler dans un fauteuil.
Mais voilà, j’ai reçu, un texto au moment de partir… « Il faut absolument que tu goûtes cela !! ».
Bon, ben allez ! On y va ! Demi-tour, direction le stand du « Domaine Chante Cigale » d’Alexandre Favier.
Je vous avoue ne pas avoir beaucoup d’info à vous donner. Ce fut une dégustation éclair, sur le départ.
Alexandre Fabre et son vin m’ont donné cette impression saisissante de venir d’une autre planète.
Détendu, de la gentillesse dans le regard et une simplicité qui facilite le contact, Alexandre est à la tête de ce domaine familial. Un des plus importants domaines de l’appellation. 40 hectares, 45 parcelles éclatées à travers toute l’appellation. Il ne faudrait pas que le prix de l’essence augmente davantage…
En-tout-cas, le rendez-vous est déjà pris pour en savoir davantage, mais je pressentais déjà qu’il y aura beaucoup de choses à raconter.
« La Counasse » - Châteauneuf-du-Pape - 2019
Cépages :100% Serine (Ancêtre de la Syrah)
Élevage : 12 mois en barrique
Oui, oui, vous avez bien lu. Pourquoi ce nom ? « Parce que ça lui allait bien… ». Et en effet, « Qu’est-ce que c’est bon coun… ».
Un nez croquant et enveloppant ouvre le bal. Des épices, du cassis frais et de la réglisse. La bouche est caressante et frappe par la finesse de ses tanins. C’est soyeux, harmonieux avec une amplitude qui réjouit.
Le tour de force des grands vins, c’est d’arriver à vous donner envie de les savourer, tout simplement…
Prix : Plus ou moins 85 euros
(Cette cuvée n’était pas encore commercialisée lors de la dégustation et le prix n’était pas, non plus, arrêté.)
Voilà pour ce petit compte rendu de ce super salon ! Vivement l’année prochaine !
Nicolas Bria
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