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Stéphan Charrière - Château d'Aiguilhon - Côtes du Rhone Gardoise

Nicolas Bria

Pour celles et ceux qui suivent régulièrement ce blog, (Vous êtes de plus en plus nombreux et je vous en remercie.), vous connaissez une de mes règles d’or qui est de ne jamais me renseigner sur les domaines avant de les visiter. Pas d’attente, pas d'idée toute faite.

J’ai eu de bonnes surprises, rarement de mauvaises. Des connaissances enrichies et surtout de pouvoir me rendre compte de la réalité du métier de vigneron et de leurs réflexions. Réalité qui est multiple, complexe et qui force à délaisser des idées préconçues, à déconstruire les cases, dont l’être humain a le don de fabriquer, pour mieux se repérer et donc choisir. L’éternel problème n’étant pas moins de rester enfermé dans ces dernières, que croire que ce qu’elles renferment à l’intérieur, est une vérité absolue. Au final, la seule vérité est celle qui est dans le verre.

On voit la façade du château d'aiguillon. elle est tout en pierre. A droite, tout une rangé de barrique sur 2 étage

Au fil de mes rencontres, je pensais naïvement et avec le temps, avoir délogé pas mal d’à priori, de m’être désengoncé de mes cases.

En me rendant au Château d’Aiguillon et en faisant la connaissance de Stéphan Charrière, je me suis rendu compte qu’il m’en restait quelques-unes, de cases.

Pour les viticulteurs et les agriculteurs de la Vallée du Rhône, en général, le nom « Charrière » n’est pas inconnu. Il est entre autre associé à « Charrière Distribution », une entreprise de conseils et de ventes de solutions agricoles, pour une agriculture raisonnée, mais aussi bio. Je sens que certains sont traversés par un raisonnement logique, mais un poil précipité à ce stade de lecture, qui est « Ah ok ! Le gars est vigneron et il vend du phyto ! »

Cette réflexion m’a également traversée, mais l’occasion était trop belle pour ne pas la mettre à mal et sortir moins con que j’étais en arrivant. Je ne risquais rien à creuser, ce qui me semblait être paradoxal. Au pire, je restais sur ma position d’un monde parfait où "tout il est beau"… Au mieux, je faisais l’acquisition d’un avis plus… raisonné.


L’Homme !

On voit Stéphane Charrier, vigneron, un verre à la main, en train de trinquer. il sourit.
Stéphan Charrière

Stéphan Charrière est un personnage très charismatique, ancré et déterminé. C’est un chef d’entreprise et il se qualifie d’ailleurs comme tel. Sa passion est d'« être dans l’action ». Il attend avec impatience ses vacances pour « travailler », pour créer et peaufiner ses idées. Il ne s’arrête jamais, il aime penser à tous les paramètres, anticiper, que ce soit dans les vignes ou dans la cave. Très bon orateur également, il répond à toutes les questions sans avoir l’air de réfléchir et il ne tortille pas. C’est un homme qui assume ses choix, ce qu’il fait. Passer un moment avec Stéphan est assez sportif pour l’esprit, pour la réflexion. Il n’en est pas moins élégant, prévenant et s’assure que vous passiez toujours un bon moment. C’est d’ailleurs ce qu’il veut quand on vient dans son domaine « que les gens prennent du plaisir. ».


L’agriculture

Le Château d’Aiguillon est en agriculture Haute Valeur environnemental (HVE 3) et il en est fier. L’agriculture raisonnée est un choix.

Sa passion pour la biodiversité, le respect de la nature est assez remarquable ! Au Château d’Aiguilhon, tout est mesurable et mesuré pour apporter cette biodiversité et limiter les traitements : Ruche connectée afin de mesurer l’activité des abeilles et de leur bien-être. Station météo afin de ne pas traiter par principe, mais si nécessaire et au bon moment. Machine agricole, dernier cri, afin de limiter, là aussi, le nombre de passages.

Dernière chose qui lui est chère : La formation des ouvriers au respect de la biodiversité. Pour lui, le changement « passe aussi par la sensibilisation ». Il croit au bon sens, à l’anticipation et à la technologie. Et ne lésine pas sur les efforts.


Néanmoins, Stéphan déplore l’image que l’on véhicule sur les vignerons en HVE.

Par les médias, d’abord, qui les présentent comme d’horribles pollueurs et les idées reçues que nous, public, pouvons avoir. L’agriculture conventionnelle d’aujourd’hui n’est pas la même que dans les années 50 et le HVE limite de toute manière l’apport d’intrant. Les consciences en matière d’écologie, ont évolué et l’anticipation devient de plus en plus un réflexe chez beaucoup de vignerons conventionnels.


En rencontrant Stéphan et en découvrant toutes ses réflexions sur la biodiversité, je n’ai pu m’empêcher de penser à un autre vigneron Hve, Jean-Michel Vache, du Clos des Cazaux, à Vacqueyras. J’avais été impressionné, comme pour Stéphane, des moyens déployés pour comprendre et préserver son terroir.


La Cave

photo de barriques à l'effigie du château d'aiguillon

Là aussi, tout est pensé. Tous les vins sont vinifiés en levures indigènes, le sulfitage est divisé par deux, par rapport à la quantité maximale autorisée en Bio. Les seules choses que maltraitent Stéphan Charrière sont, parfois, les conseils de son œnologue. Comme toutes les personnes qui ont une idée en tête et pas ailleurs, ce vigneron avoue, de temps en temps, faire fi des conseils qui lui sont donnés, pour aller au bout de son idée et des vins qu’il veut faire.


Mais vous allez me dire…

« S'il fait tous ces efforts, pourquoi n’est-il pas en bio ? »

Le bio ? Il « n'en veut pas ». Beaucoup de vignerons pratiquant le HVE (et surtout ceux qui ont une surface importante) rechignent au passage en bio pour généralement deux raisons :

La première est le risque de perdre une récolte sur un mauvais millésime (comme 2018) et de devoir licencier à tour de bras. Ça s’entend et Stéphan ne veut pas de ce scénario. Ils sont beaucoup dans son cas. Ils estiment avoir une charge envers les personnes qu’ils emploient et veulent pouvoir s’adapter à une météo incertaine.


Deuxième raison : « Les incohérences qu’il peut y avoir dans l’agriculture bio ». Ca aussi, je l’entends beaucoup : En bio, le nombre de traitements peut s’avérer plus important qu’en conventionnel, donc plus de passages en tracteur et donc moins écolo. Et l’utilisation du cuivre, même à petite dose ne récolte pas de louanges. Loin de moi l'idée de faire le débat dans cet article. C’est un sujet qui déchaîne vite les passions dans le monde du vin et ce n’est pas mon sujet du jour. L’idée n’étant pas d’exposer la balance « Du bien et du mal » mais plutôt de mettre à plat les réalités, les choix auxquels sont confrontés les vignerons.


Mais je vous dirais…

Ce qui m’a plu dans la rencontre avec Stéphan, c’est sa capacité à se poser des questions, à déployer toute son énergie afin d’être en cohérence avec ses convictions. À l’instar de Jean-Michel Vache, qui m’avait dit « Si un jour, je devais être bio, ce serait pour être mieux que le bio. » C’est ce genre de personnes qui ont un besoin imperieux, de créer un système cohérent avec leurs convictions. Un système équilibré entre réalité écologique et économique, dont le bon sens prévaut avant tout.

À titre personnel, je n’ai pas de chapelle… Bio, HVE ou biodynamie, la vérité est dans le verre. Pour faire un bon vin, on ne peut de toute façon pas faire n’importe quoi. ( Sinon il n’y aurait pas de débat sur certains vins natures).

Je peux autant faire force de respect et d’admiration vis-à-vis d’un Stéphan Charrière, que de Helen Durand (Biodynamie) ou de Michel Gassier qui sera certainement l’un des pionniers de la viticulture régénératrice (un article à venir).

Parce qu’ils ont en commun cette indéniable volonté (comme beaucoup d’autres), de prendre en considération leur environnement et mettre en place les solutions adaptées à leurs convictions, même si elles sont différentes. Logique avec eux même.


Je ne peux donc que remercier Stéphan pour ces 3 heures à discuter.

Si vous passez du côté de Sauveterre, je vous invite à le rencontrer. Vous passerez un moment enrichissant avec certainement, un des ambassadeurs du HVE.


Nicolas Bria

Le Domaine

Le Domaine d’Aiguilhon s’étend sur 47 hectares et produit essentiellement des Côtes-du-Rhône. « Ce domaine a été créé à l’époque des Templiers vers 1300, quand le Maître d’Aragon avait la charge de la Provence en tant que visiteur de l’ordre. Dans la cour, un puit typique de l’époque cache l’entrée d’un souterrain qui menait les Templiers directement au Rhône en cas d’attaque, et leur permettait de s’enfuir par le fleuve. »

Le site est magnifique et en fait un lieu parfait pour l'oenotourisme.


Les vins

J’ai beaucoup aimé ma dégustation ! Les prix sont très abordables et la qualité est au rendez-vous.

On est sur une gamme de vins de tous les jours aux vins plaisirs.


Trois vins ont retenu mon attention ! En voici deux, pour aujourd’hui ! Quant au troisième, une vidéo viendra se glisser dans cet article…

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