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Nicolas Bria

Philippe Cambie - Oenologue


Mise à Jour du 19/12/21 : Philippe Cambie est décédé ce 18 décembre 2021. Bien que je ne l'ai rencontré qu'une fois, j'en garde un souvenir enchanté. Un homme d'une grande finesse, un bon vivant, qui aimait le beau et le bon. Si à l'évocation de son nom, il pouvait déclencher certains débats, il restera un grand personnage de l'histoire des vins de la Vallée du Rhône et d'ailleurs...


J’avais préparé mes questions, j’en avais gratté quelques-unes… Je me suis dit « C’est Cambie quand même… Il te reçoit chez lui. Alors essaye de faire bonne figure, ne dit pas trop de bêtises… ».

Généralement, ce genre d’intention disparaît, chez moi, assez vite… Mais bon, ce n’est pas tous les jours que ça arrive.

À l’entrée de sa maison, dans le vieux Châteauneuf-du-Pape, une gentille dame m’accueille et me fait patienter dans la cuisine. Tout était là ! Sur la table, plusieurs cuvées étaient prêtes, accompagnées de jolis verres.

Cette entrée en matière m’a légèrement tendu, je dois l’avouer… J’allais déguster avec une ceinture noire… en dégustation.

Cet homme aimable qu’est Philippe, me mit rapidement à l’aise.

Il y aura, tout de même un rythme à suivre, quelque chose de bien rodé. On déguste, on échange, on déguste, on échange…

Et comme les vins étaient excellents, j’ai rapidement oublié pourquoi j’étais là. Il n’y avait plus que l’instant, au côté d’un homme assez fascinant à écouter, à regarder. Une simplicité, un amoureux des belles et bonnes choses, mais aussi très agile dans la discussion. Il vous observe parfois comme le chat en haut de son muret. Une main posée sur l’autre… Il n’a pas l‘air de vous regarder, mais sait très bien où vous êtes.

Les gestes sont rapides, il s’agite parfois, saute d’une idée à l’autre et puis aussi rapidement, les yeux sont rieurs et le regard a l’air sincère. On se sent comme à la maison.

Mais bon, il ne fallait pas que j’oublie pourquoi, j’étais là…


Originaire de Pézenas, Philippe Cambie a grandi dans les vignes, celle de sa mère, et au contact de la passion de son père. « A la maison, il y avait toujours du Châteauneuf et du Gigondas », mais il y avait aussi du « Sosol » une boisson sympathique qui résulte d’un assemblage ingénieux, d’eau, de sucre et de vin. Boisson qui était glissée dans le goûter du petit Philippe. La belle époque…


À savoir si c’est cet écosystème qui lui donna l’envie de devenir œnologue… pas vraiment. Il voulait rester à Montpellier, jouer au Rugby. Il avait à la limite « la passion de picoler, mais pas au point de devenir œnologue ». C’est d’ailleurs dans des études en industrie alimentaire qu’il s’engouffra. Pas satisfait. Envie d’autre chose. Finalement, il passa son diplôme d’œnologue, au côté de son grand ami, Gilles Ferran, vigneron du domaine des Escaravailles (Rasteau).

Tour à tour, responsable de Négoce, de production, vendeur de bouchons et puis un jour, Philippe Cambie.


Internationalement reconnu, en 2010, il est sacré « œnologue de l'année » par Robert Parker, puis dans les cinq meilleurs, l’année suivante, par le magazine américain, « Wine Enthusiast ».

Mais apparemment, pour lui, cette réputation, ça lui est tombé dessus… « Une escalade » qu’il n’a pas cherché.

Si la notoriété apporte son lot de louanges, elle rassemble aussi les sceptiques, les pas contents.

On dit bien des chose sur Cambie… « Il standardise les vins » pour les uns, « il révèle les terroirs » pour les autres, mais grand œnologue pour tout le monde. Tous unanime, sur son apport pour la notoriété des vins de la Vallée du Rhône.

Il n’a, pourtant, pas l’air de faire grand cas de tout cela. Pour lui, il n’y a pas de « style Cambie »

Parmi ceux qui le critiquent, « certains adorent des vins, sans savoir que c’est moi l’œnologue ».

Et de continuer, un brin agacé : « De toute façon, on adore critiquer les vins sans les avoir goûtés ».


Même s'il aime les vins sur le fruit et les tanins affinés son rôle est « d’être au service du vigneron ». Pour lui la star, c’est le terroir.

Terroirs qui s'apparentent à des lieux-dits et il considère son rôle comme celui d’un entraîneur de rugby : Accompagner et conseiller les domaines, pour obtenir le meilleur résultat et « restituer aux vignerons, la notoriété qu’ils m’ont donné».

La boucle est bouclée.

Vers midi, la dégustation arrive à son terme. Il conclut par un : « Je vais vous laisser quelques-instant. Je vais préparer à manger ».

Un autre domaine où Philippe excelle. Je ne vous ferai pas le détail du menu, mais ceux qui le connaissent se souviendront des repas qu’ils ont partagés avec lui… Pour les autres, pensez à un jour de fête.

Pendant que tout cela mijotait, j’avais pour mission de descendre à la cave, choisir deux vins.

Je crois que cela a été le moment le plus compliqué de la matinée… je devais être dans le même état que mon fils, lorsqu'il rentre dans un magasin de jouets. Une sensation d’infini et la maigre conscience du deuil qui arrive… Je ne pourrais en choisir que deux. Deux bouteilles parmi des centaines. Des prestigieuses, des inconnues, des vins qui vous font dire que ce que l'on sait sur lui, c'est en réalité, pas grand chose.

Il a fallu donc faire un choix. Si un des plus beaux souvenirs de Philippe était un Clos Mont Olivet-1966, je me « contentai » d’un 2007… Quant au vin blanc, j’avoue qu’il fût choisi à l’étiquette. Un Riesling Autrichien de 2012, de chez Weingut Knoll. « Le meilleur Riesling Autrichien ». Comme quoi…


Le repas était à l'image de ce que représente le vin pour lui : "De la convivialité et du plaisir".

Il y eu aussi de longs silences, histoire de laisser passer les anges...

Cette rencontre prit fin à l’issue du déjeuner.

Je prolongeai ce moment en me baladant dans les rues de Châteauneuf, compléter mes notes, mettre des mots sur des sensations. J’étais parti à la rencontre d’un œnologue réputé. Je me suis retrouvé assis à sa table. J’ai dégusté de jolis vins. Parler avec un homme aimable, prévenant, mais pas toujours facile à cerner. Ce qui est sûr, c’est qu’il qui ne s’embarrasse pas de superflu, encore moins de l’a peu près. Il aime le fin, le beau et le bon. Cela relève même de l’exigence. Une exigence qui devient un art de vivre et qui se traduit dans une forme de simplicité. Tout le reste n’est que temps perdu.

Même si je n’avais effleuré que les contours de ce personnage, je repartis avec la sensation d’avoir été chanceux de vivre un tel moment. Il ne manquait rien… Seulement de savoir ce que j’allais bien pouvoir vous raconter.


Merci Monsieur Cambie.


Les Vins

"Les Halos de Jupiter" est une gamme de vins signés Philippe Cambie.

Si l’on doit découvrir le « Style Cambie », c’est avec ceux-là.


Si Jupiter est le dieu des dieux, le Grenache est aussi le roi des Cépages de la Vallée du Rhône Sud.

Ce dernier à la part belle dans les assemblages.

Cette gamme a été créée en collaboration avec Michel Gassier, Vigneron du Château de Nages, en Costières de Nîmes.

Voici donc un petit tour d’horizon des Halos avec en plus, un petit détour aux States :


Le premier est un blanc en Vin de France - 2017.

Ce Roussanne / Grenache est très charmeur avec ses notes de Miel, d’agrumes et de fruits exotiques. Très minéral, aussi, il a une densité et une matière soyeuse très réjouissante.

Un petit coup de cœur pour le Costières de Nîmes 2017, avec ses fruits noirs et ses senteurs de garrigues. Concentré, presque charnu, les tannins sont fins. Un vin ample comme je les aime.

Le Côtes du Rhône 2016, vaut le détour. Belle amplitude aussi, de la souplesse et du fruit. Un Côtes bien affiné.

Un deuxième coup de cœur pour le Gigondas 2016. J’ai adoré sa sur les fruits rouges, les épices et sa légère torréfaction. Petite note d’agrumes au passage. Il exprime une grande personnalité, mais sans démonstration de force. Tout est bien lisible, parfaitement équilibré. Entre puissance et finesse, caractère et élégance.

Une belle représentation du Gigondas.

On passe au Châteauneuf-du-Pape 2016. Très fin avec de la profondeur. C’est tout en rondeur, soyeux, élégant. Les tanins sont (comme toujours), très fins. C’est très distingué.

Mais je dois avouer qu’il fait figure de petit frère à côté de la Cuvée Adrastée 2015.

Ce vin issu de Grenache, plus que centenaire, est d’une rare complexité. Le nez est fin, subtil, concentré.

En bouche, la fraîcheur est à la limite de la tension. Tout est délicat, il navigue sur la pointe des pieds. La finale est incroyable, expressive et soyeuse.

Un grand vin.

Et je termine avec "The Pudnit" 2014. Une Syrah américaine (90% environ) du Château Ste Michele, situé dans la région de Washington. Toujours en collaboration avec Michel Gassier.

C’était donc une première pour moi. On pourrait croire que c’est un vin du sud. Une belle maturité, c’est charnu avec des notes de fruits mûrs, de violette et de vanille. C’est assez « granitique ». Il a quelque chose d’assez gourmand, il fait plaisir à boire, comme on dit;


Voilà pour ce petit tour d’horizon.

Vous avez compris, je me suis régalé ! Ces vins me donnent envie de les glisser dans une future vente privée (je dis ça, je ne dis rien).


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