Les vendanges sont terminées dans la Vallée du Rhône !
Une année qui s’annonce, bonne en qualité, pas trop mal en quantité (exceptée à certains endroits.)
Même si chaque appellation à sa particularité, dans le nord ou dans le sud, tout le monde s’accorde pour dire que les vendanges ont démarré très tôt.
Cela est dû, à un printemps et un été, qui ont démarré très tôt. Ce qui a eu pour conséquence, d’accélérer les maturités des raisins.
Néanmoins, cela n’a pas empêché beaucoup de vignerons, de se frotter les mains avec ce millésime.
L’occasion de faire le tour de quelques domaines, dans différentes appellations et voir ce que le millésime 2020 nous réserve.
Crozes-Hermitage - Domaine Le Vieux Mûrier
Le domaine de Florian Buit est situé à Larnage, proche de Tain-l’Hermitage.
C’est son troisième millésime et il est plutôt satisfait.
Pour lui, « 2020 est très précoce et plus équilibré que les années précédentes. Plus d’acidité que sur 2017 et 2018 »
Un printemps chaud, avec quelques pluies en avril, au moment de la floraison, qui ont occasionné une grosse pression d’oïdium (maladie cryptogamique) mais qui fut globalement maîtrisée.
À part cette alerte, tout s’est passé pour le mieux.
Les rendements sont là et les vendanges ont démarré très tôt et sous la pluie… « Ce qui a permis aux raisins de parfaire leur maturité ».
Le profil des Rouges : « De la fraîcheur, des tanins assez souples et intéressants aromatiquement. Un millésime sur la souplesse »
Le profil des blancs : « Un beau millésime pour les blancs avec des belles maturités et de la fraîcheur. »
Encore une belle année pour Florian, même s'il reconnaît que son terroir a fait la différence : « Vers Larnage, nous avons un terroir qui retient bien l’eau et on a pu supporter un été très chaud » mais pour d’autres domaines, situés en contre bas de l’appellation, les chaleurs ont occasionné un stress de la vigne et donc bloqué les maturités, surtout sur les blancs.
Pour résumer, au vieux Mûrier et dans l’ensemble des Crozes, les rendements fut bon et la qualité est au rendez-vous.
Un millésime qui redevient typique de ce que l’on connaît en Vallée du Rhône.
En effet depuis 2015, les millésimes sont très solaires et se détachaient de l'habituelle fraîcheur qui fait la réputation du nord de la Vallée du Rhône.
Cairanne - Gigondas - Domaine Brusset
Au Domaine de Laurent Brusset à Cairanne, on est aussi satisfait et on s’estime « chanceux ».
« Le printemps a été pluvieux, mais cela est tombé au bon moment. La floraison a pu se faire sans problème, les réserves d’eau étaient là pour les beaux terroirs et on a eu un été chaud et sec, mais moins que 2019.
Les pluies de septembre, ont ramené de la fraîcheur et contribué à parfaire la maturité du raisin. »
Un millésime qui se rapproche de 2017 pour le président du syndicat des vignerons de Cairanne.
Ce qui annonce des rouges, avec « de la souplesse, des jolies couleurs, des jolies fruits et de la gourmandise. La structure tannique est moins importante que l’année dernière ».
Et pour les blancs « il y a une pureté de fruits, représentative des cépages et des terroirs »
Mais là où Laurent Brusset est très satisfait, « C’est l’état sanitaire des raisins, il est impeccable et c'est assez rare »
Dans le reste du nord du Vaucluse, des gelées ont fait baissé la récolte jusqu’à 30 %, notamment du côté de Rasteau.
Mais la qualité reste au rendez-vous.
Châteauneuf-du-Pape - Maison Brotte
« Un Printemps pluvieux, pas suffisamment, pour engranger de grande réserve d’eau, mais assez pour entraîner une forte pression du mildiou. Heureusement, pas de dégât conséquent, seulement quelques endroits ici ou là, mais rien dans nos parcelles ».
R.A.S, donc pour Cyril Tisopulot, directeur des vignobles à la Maison Brotte.
Les vendanges ont démarré avec quinze jours d’avance, cela laisse présager pour les vins blancs « beaucoup d’élégance… En ce qui nous concerne, on a réussi à maîtriser les degrés alcooliques et les raisons ont pu conserver leur fraîcheur. C’est très frais et aromatique. Un joli millésime en blanc »
Pour les rouges « C’est un peu tôt pour en parler, mais c’est très qualitatif. On est plus sur la rondeur, le fruit… Moins de concentration que l’on a pu avoir sur 2019, où il y a eu moins de rendement. »
Un millésime qui lui rappelle 2011 « une année très riche, sur la souplesse, mais pas avec une garde exceptionnelle et qui sera bon très tôt ». Et certaines cuves, lui font aussi penser à 2015 « entre la richesse et la concentration, bien équilibrées »
Voilà pour Châteauneuf-des-Papes.
Il faut généralement deux ans, avant de voir le millésime de l’année, sortir en bouteilles… Ca va être long…
Côtes-du-Rhône-Villages Gadagne - Domaine du Bois de St-Jean
On descend un peu, à l’est d’Avignon.
Situé à Jonquerettes en Côtes-du-Rhône Villages Gadagne.
Xavier Anglès a vécu une « Saison facile dans l'ensemble pour la culture de la vigne, pas de pression de maladie, pas de coulure, pas de grêle, mais du gel, le 26 mars sur 60 % du vignoble, de la sècheresse, ce qui a pour conséquence une quantité limitée sur ma production, avec tout de même une grande qualité »
Malgré le gel, les futurs 2020 lui donnent matière à se réjouir, « Les blanc sont aromatiques avec une belle acidité.
Pour les rouges, nous sommes sur un millésime qui pourrait ressembler au 2015.
C’est-à-dire, « des vins, sans un caractère trop chaud ou marqués par un excès d'alcool. La masse tannique est parfois impressionnante, mais en souplesse, et elle reste veloutée… Autant de signes d'un futur très grand millésime. Le fruit est très pur et les équilibres parfaits. »
Un peu plus de matière et de concentration que sur les appellations précédentes, pour les rouges, et toujours autant de belle acidité, pour les blancs.
Si ce 2020 ressemble à 2015, je signe des deux mains.
Maintenant, passons de l’autre côté du Rhône.
Tavel - Lirac - Château de Manissy
Là aussi, dans le Gard, le gel a frappé de plein fouet.
Mais c’est dans l’appellation Lirac, que la double peine a eu lieu. Début juin, la grêle s’est abattu sur ce vignoble, n’épargnant à peine une quinzaine d’hectares sur 660…
Les pertes, selon les domaines, varient entre 60 et 100 %.
Autant dire que le millésime 2020 sera rare…
Le Chateau de Manissy n’a pas été épargné, mais sur son appellation Tavel, les choses se sont mieux passées.
(Pour rappel, Tavel ne produit que du rosé et les vins blancs et rouges sont en appellation Côtes-du-Rhone.)
Antoine Edouard, directeur commercial du Château, nous fait son bilan :
« L’état sanitaire était excellent. Nous avons eu un peu de sécheresse, mais la vigne a globalement bien résisté. Nous avions de bonnes réserves, dues aux pluies de l’automne et de l’hiver. Les pluies du mois d’août (55mm) ont été très apprécié, permettant un bon développement des baies à un moment crucial. »
Malgré les événements climatiques : « Au niveau des rendements, nous récoltons un peu plus que l’an passé, mais restons relativement faible, 35hl/ha en moyenne, toutes appellations confondues. »
Ce qui est correct pour des crus, mais peu pour des vignes en Côtes-du-Rhône.
Et au niveau des profils : « Les vinifications se sont extrêmement bien passées. Les concentrations sont bonnes mais pas excessives, les jus sont plutôt fruités, le millésime devrait être bien équilibré. »
Là encore, on retrouve un profil commun avec les autres appellations.
Et un peu plus bas…
Costières de Nimes - Château du Mourgues du Grès
Pour les Mourgues du Grès et son vigneron, François Collard, 2020 a été une belle année.
« Les Costières », est l’appellation, la plus méridionale de la vallée du Rhône et il y a eu peu d’épisode de gel.
Néanmoins, François Collard en a recensé « sur des parcelles de blancs, situées au nord et exposées au Mistral »
Mais rien d’alarmant…
Alors qu’en Vallée du Rhône et dans d’autres régions, on constate que les vendanges démarrent de plus en plus tôt, il nuance un peu : « Il y a une précocité exceptionnelle. A mon avis, plus dans les vignobles septentrionaux, où les cépages sont moins habitués à ces périodes sèches, et qui ont eu à vendanger 3 semaines plus tôt, (…) nous avons vendangé une semaine plus tôt, mais à la même date que l’année dernière.
Mais la grande caractéristique de ce 2020, est une alternance des températures entre le jour et la nuit, dès le moins de juin.
Des nuit relativement fraiches, et des journées chaudes, « que l’on retrouve dans les vins aujourd’hui, et qui ont contribué à la délicatesse des arômes. C’est une signature de ce grand millésime. »
Et donc justement, à quoi ressemble ce grand millésime ?
Sur les blancs : « Il y a un caractère sur l’acidité, qui s’allie bien avec la densité. Il y a une belle largeur dans les blancs et une minéralité bien présente.
Et pour les rouges : « On est sur un potentiel de structure. Des vins charnus, très aromatiques, fruités et des tanins d’une grande délicatesse. »
Voilà donc un profil différent des autres appellations, avec une structure tannique un peu plus importante.
Un prolongement du millésime 2019, pour François, avec « un peu plus de délicatesse aromatique et une fraîcheur supplémentaire.
Conclusion :
Dans l’ensemble, le gel a fait du dégât, au sud de la région. Les rendements restent légèrement supérieurs à 2019, mais pas exceptionnel.
Pas de maladie dévastatrice (ouf !) et des vendanges qui se sont très bien passées et ce grâce aux pluies de septembre.
La bonne nouvelle constatée, la fraîcheur revient dans les vins de la Vallée du Rhône, avec de belles acidités, que ce soit pour les blancs ou les rouges.
On a hâte de goûter les premiers Millesime 2020 !
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